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Le Calvaire Page 4
Le Calvaire Read online
Page 4
Paris m’étonna. Il me fit l’effet d’un grand bruit et d’une grande folie. Les individus et les foules passaient bizarres, incohérents, effrénés, se hâtant vers des besognes que je me figurais terribles et monstrueuses. Heurté par les chevaux, coudoyé par les hommes, étourdi par le ronflement de la ville, en branle comme une colossale et démoniaque usine, aveuglé par l’éclat des lumières inaccoutumées, je marchais en un rêve inexplicable de dément. Cela me surprit beaucoup d’y rencontrer des arbres. Comment avaient-ils pu germer là, dans ce sol de pavés, s’élever parmi cette forêt de pierres, au milieu de ce grouillement d’hommes, leurs branches fouettées par un vent mauvais ? Je fus très longtemps à m’habituer à cette existence qui me paraissait le renversement de la nature ; et, du sein de cet enfer bouillonnant, ma pensée retournait souvent à ces champs paisibles de là-bas, qui soufflaient à mes narines la bonne odeur de la terre remuée et féconde ; à ces coins de bois verdissants, où je n’entendais que le léger frisson des feuilles et, de temps en temps, dans les profondeurs sonores, les coups sourds de la cognée et la plainte presque humaine des vieux chênes. Cependant, la curiosité de connaître me chassait de la petite chambre que j’habitais, rue Oudinot, et j’arpentais les rues, les boulevards, les quais, emporté dans une marche fiévreuse, les doigts agacés, le cerveau, pour ainsi dire, écrasé par la gigantesque et nerveuse activité de Paris, tous les sens en quelque sorte déséquilibrés par ces couleurs, par ces odeurs, par ces sons, par la perversion et par l’étrangeté de ce contact si nouveau pour moi. Plus je me jetais dans les foules, plus je me grisais du tapage, plus je voyais ces milliers de vies humaines passer, se frôler, indifférentes l’une à l’autre, sans un lien apparent ; puis d’autres surgir, disparaître et se renouveler encore, toujours… et plus je ressentais l’accablement de mon inexorable solitude. À Saint-Michel, si j’étais bien seul, du moins j’y connaissais les êtres et les choses. J’avais, partout, des points de repère qui guidaient mon esprit ; un dos de paysan, penché sur la glèbe, une masure au détour d’un chemin, un pli de terrain, un chien, une marnière, une trogne de charme ; tout m’y était familier, sinon cher. À Paris, tout m’était inconnu et hostile. Dans l’effroyable hâte où ils s’agitaient, dans l’égoïsme profond, dans le vertigineux oubli les uns des autres, où ils étaient précipités, comment retenir, un seul instant, l’attention de ces gens, de ces fantômes, je ne dis pas l’attention d’une tendresse ou d’une pitié, mais d’un simple regard !… Un jour, je vis un homme qui en tuait un autre : on l’admira et son nom fut aussitôt dans toutes les bouches ; le lendemain, je vis une femme qui levait ses jupes en un geste obscène : la foule lui fit cortège.
Étant gauche, ignorant des usages du monde, très timide, j’eus difficulté à me créer des relations. Je ne mis pas, une seule fois, les pieds dans les maisons où j’étais recommandé, de crainte qu’on ne m’y trouvât ridicule. J’avais été invité à dîner chez une cousine de ma mère, riche, qui menait grand train. La vue de l’hôtel, les valets de pied dans le vestibule, les lumières, les tapis, le parfum lourd des fleurs étouffées, tout cela me fit peur et je m’enfuis, bousculant dans l’escalier une femme en manteau rouge, qui montait et se prit à rire de ma mine effarée. La gaîté bruyante de ces jeunes gens – mes camarades d’école, – que je rencontrais au cours, au restaurant, dans les cafés, me déplut aussi : la grossièreté de leurs plaisirs me blessa, et les femmes, avec leurs yeux bistrés, leurs lèvres trop peintes, avec le cynisme et le débraillé de leurs propos et de leur tenue, ne me tentèrent point. Pourtant, un soir, énervé, poussé par un rut subit de la chair, j’entrai dans une maison de débauche, et j’en ressortis, honteux, mécontent de moi, avec un remords et la sensation que j’avais de l’ordure sur la peau. Quoi ! c’était de cet acte imbécile et malpropre que les hommes naissaient ! À partir de ce moment, je regardai davantage les femmes, mais mon regard n’était plus chaste et, s’attachant sur elles, comme sur des images impures, il allait chercher le sexe et la nudité sous l’ajustement des robes. Je connus alors des plaisirs solitaires qui me rendirent plus morne, plus inquiet, plus vague encore. Une sorte de torpeur crapuleuse m’envahit. Je restais couché plusieurs jours de suite, m’enfonçant dans l’abrutissement des sommeils obscènes, réveillé, de temps en temps, par des cauchemars subits, par des serrées violentes au cœur qui me faisaient couler la sueur sur la peau. Dans ma chambre, aux rideaux fermés, j’étais ainsi qu’un cadavre qui aurait eu conscience de sa mort et qui, du fond de la tombe, dans le noir effrayant, entend, au-dessus de lui, rouler le piétinement d’un peuple, et gronder les rumeurs d’une ville. Quelquefois, m’arrachant à cet anéantissement, je sortais. Mais que faire ? Où donc aller ? Tout m’était indifférent, et je n’avais aucun désir, aucune curiosité. Le regard fixe, la tête pesante, le sang lourd, je marchais au hasard, devant moi, et je finissais par m’écrouler, dans le Luxembourg, sur un banc, sénilement tassé sur moi-même, immobile, pendant de longues heures, sans rien voir, sans rien entendre, sans me demander pourquoi des enfants étaient là qui couraient, pourquoi des oiseaux étaient là qui chantaient, pourquoi des couples passaient… Naturellement, je ne travaillais pas et je ne songeais à rien… La guerre vint, puis la défaite… Malgré les résistances de mon père, malgré les supplications de la vieille Marie, je m’engageai.
Chapitre 2
Notre régiment était ce qu’on appelait alors un régiment de marche. Il avait été formé au Mans, péniblement, de tous les débris de corps, des éléments disparates qui encombraient la ville. Des zouaves, des moblots, des francs-tireurs, des gardes forestiers, des cavaliers démontés, jusques à des gendarmes, des Espagnols et des Valaques ; il y avait de tout, et ce tout était commandé par un vieux capitaine d’habillement promu, pour la circonstance, au grade de lieutenant-colonel. En ce temps-là, ces avancements n’étaient point rares ; il fallait bien boucher les trous creusés dans la chair française par les canons de Wissembourg et de Sedan. Plusieurs compagnies manquaient de capitaine. La mienne avait à sa tête un petit lieutenant de mobiles, jeune homme de vingt ans, frêle et pâle, et si peu robuste, qu’après quelques kilomètres, il s’essoufflait, tirait la jambe et terminait l’étape dans un fourgon d’ambulance. Le pauvre petit diable ! Il suffisait de le regarder en face pour le faire rougir, et jamais il ne se fût permis de donner un ordre, dans la crainte de se tromper et d’être ridicule. Nous nous moquions de lui, à cause de sa timidité et de sa faiblesse, et sans doute aussi parce qu’il était bon et qu’il distribuait quelquefois aux hommes des cigares et des suppléments de viande. Je m’étais fait rapidement à cette vie nouvelle, entraîné par l’exemple, surexcité par la fièvre du milieu. En lisant les récits navrants de nos batailles perdues, je me sentais emporté comme dans une ivresse, sans cependant mêler à cette ivresse l’idée de la patrie menacée. Nous restâmes un mois, dans Le Mans, à nous équiper, à faire l’exercice, à courir les cabarets et les maisons de femmes. Enfin, le 3 octobre, nous partîmes.
Ramassis de soldats errants, de détachements sans chefs, de volontaires vagabonds, mal équipés, mal nourris – et le plus souvent, pas nourris du tout, – sans cohésion, sans discipline, chacun ne songeant qu’à soi, et poussés par un sentiment unique d’implacable, de féroce égoïsme ; celui-ci, coiffé d’un bonnet de police, celui-là, la tête entortillée d’un foulard, d’autres vêtus de pantalons d’artilleurs et de vestes de tringlots, nous allions par les chemins, déguenillés, harassés, farouches. Depuis douze jours que nous étions incorporés à une brigade de formation récente, nous roulions à travers la campagne, affolés, et pour ainsi dire, sans but. Aujourd’hui à droite, demain à gauche, un jour fournissant des étapes de quarante kilomètres, le jour suivant, reculant d’autant, nous tournions sans cesse dans le même cercle, pareils à un bétail débandé qui aurait perdu son pasteur. Notre exaltation était bien tombée. Trois semaines de souffrances avaient suffi pour cela. Avant que nous eussions entendu gronder le canon et siffler les balles, notre marche en avant ressemb
lait à une retraite d’armée vaincue, hachée par les charges de cavalerie, précipitée dans le délire des bousculades, le vertige des sauve-qui-peut. Que de fois j’ai vu des soldats se débarrasser de leurs cartouches qu’ils semaient au long des routes !
– À quoi ça me sert-il ? disait l’un d’eux, je n’en ai besoin que d’une seule pour casser la gueule du capitaine, la première fois que nous nous battrons.
Le soir, au camp, accroupis autour de la marmite, ou bien allongés sur la bruyère froide, la tête sur le sac, ils pensaient à la maison d’où on les avait arrachés violemment. Tous les jeunes gens, aux bras robustes, étaient partis du village : beaucoup déjà dormaient dans la terre, là-bas, éventrés par les obus ; les autres, les reins cassés, erraient, spectres de soldats, par les plaines et par les bois, attendant la mort. Dans les campagnes en deuil, il ne restait que des vieux, davantage courbés, et des femmes qui pleuraient. L’aire des granges où l’on bat le blé était muette et fermée ; dans les champs déserts où poussaient les herbes stériles, on n’apercevait plus, sur la pourpre du couchant, la silhouette du laboureur qui rentrait à la ferme, au pas de ses chevaux fatigués. Et des hommes, avec de grands sabres, venaient, qui prenaient, un jour, les chevaux, qui, un autre jour, vidaient l’étable, au nom de la loi ; car il ne suffisait pas à la guerre qu’elle se gorgeât de viande humaine, il fallait qu’elle dévorât les bêtes, la terre, tout ce qui vivait dans le calme, dans la paix du travail et de l’amour… Et au fond du cœur de tous ces misérables soldats, dont les feux sinistres du camp éclairaient les figures amaigries et les dos avachis, une même espérance régnait, l’espérance de la bataille prochaine, c’est-à-dire la fuite, la crosse en l’air et la forteresse allemande.
Pourtant, nous préparions la défense des pays que nous traversions et qui n’étaient point encore menacés. Nous imaginions pour cela d’abattre les arbres et de les jeter sur les routes ; nous faisions sauter les ponts, nous profanions les cimetières à l’entrée des villages, sous prétexte de barricades, et nous obligions les habitants, baïonnettes aux reins, à nous aider dans la dévastation de leurs biens. Puis nous repartions, ne laissant derrière nous que des ruines et que des haines. Je me souviens qu’il nous fallut, une fois, raser, jusqu’au dernier baliveau, un très beau parc, afin d’y établir des gourbis que nous n’occupâmes point. Nos façons n’étaient point pour rassurer les gens. Aussi, à notre approche, les maisons se fermaient, les paysans enterraient leurs provisions : partout des visages hostiles, des bouches hargneuses, des mains vides. Il y eut entre nous des rixes sanglantes pour un pot de rillettes découvert dans un placard, et le général fit fusiller un vieux bonhomme qui avait caché, dans son jardin, sous un tas de fumier, quelques kilogrammes de lard salé.
Le 1er novembre, nous avions marché toute la journée et, vers trois heures, nous arrivions à la gare de la Loupe. Il y eut d’abord un grand désordre, une inexprimable confusion. Beaucoup, abandonnant les rangs, se répandirent dans la ville, distante d’un kilomètre, se dispersèrent dans les cabarets voisins. Pendant plus d’une heure, les clairons sonnèrent le ralliement. Des cavaliers furent envoyés à la ville pour en ramener les fuyards et s’attardèrent à boire. Le bruit courait qu’un train formé à Nogent-le-Rotrou devait nous prendre et nous conduire à Chartres, menacé par les Prussiens, lesquels avaient, disait-on, saccagé Maintenon, et campaient à Jouy. Un employé, interrogé par notre sergent, répondit qu’il ne savait pas, qu’il n’avait entendu parler de rien. Le général, petit vieux, gros, court et gesticulant, qui pouvait à peine se tenir à cheval, galopait de droite et de gauche, voltait, roulait comme un tonneau sur sa monture et, la face violette, la moustache colère, répétait sans cesse :
– Ah ! bougre !… Ah ! bougre de bougre !…
Il mit pied à terre, aidé par son ordonnance, s’embarrassa les jambes dans les courroies de son sabre qui traînait sur le sol, et, appelant le chef de gare, il engagea un colloque des plus animés avec celui-ci dont la physionomie s’ahurissait.
– Et le maire ? criait le général… Où est-il, ce bougre-là ? qu’on me l’amène !… Est-ce qu’on se fout de moi, ici ?
Il soufflait, bredouillait des mots inintelligibles, frappait la terre du pied, invectivait le chef de gare. Enfin, tous les deux, l’un la mine très basse, l’autre faisant des gestes furieux, finirent par disparaître dans le bureau du télégraphe qui ne tarda pas à nous envoyer le bruit d’une sonnerie folle, acharnée, vertigineuse, coupée de temps en temps par les éclats de voix du général. On se décida enfin à nous faire ranger sur le quai, par compagnies, et on nous laissa là, sacs à terre, immobiles, devant les faisceaux formés. La nuit était venue, la pluie tombait, lente et froide, achevant de traverser nos capotes, déjà mouillées par les averses. De-ci, de-là, la voie s’éclairait de petites lumières pâles, rendant plus sombres les magasins et la masse des wagons que des hommes poussaient au garage. Et le monte-charges, debout sur sa plate-forme tournante, profila dans le ciel son long cou de girafe effarée.
À part le café, rapidement avalé, le matin, nous n’avions rien mangé de la journée et bien que la fatigue nous eût brisé le corps, bien que la faim nous tenaillât le ventre, nous nous disions, consternés, qu’il faudrait encore se passer de soupe aujourd’hui. Nos gourdes étaient vides, épuisées nos provisions de biscuit et de lard, et les fourgons de l’intendance, égarés depuis la veille, n’avaient pas rejoint la colonne. Plusieurs d’entre nous murmurèrent, prononcèrent à haute voix des paroles de menace et de révolte ; mais les officiers qui se promenaient, mornes aussi, devant la ligne des faisceaux, ne semblèrent pas y faire attention. Je me consolai, en pensant que le général avait peut-être réquisitionné des vivres dans la ville. Vain espoir ! Les minutes s’écoulaient ; la pluie toujours chantait sur les gamelles creuses, et le général continuait d’injurier le chef de gare, qui continuait à se venger sur le télégraphe, dont les sonneries devenaient de plus en plus précipitées et démentes… De temps en temps, des trains s’arrêtaient, bondés de troupes. Des mobiles, des chasseurs à pied, débraillés, tête nue, la cravate pendante, quelques-uns ivres et le képi de travers, s’échappaient des voitures où ils étaient parqués, envahissaient la buvette, ou bien se soulageaient en plein air, impudemment. De ce fourmillement de têtes humaines, de ce piétinement de troupeau sur le plancher des wagons partaient des jurons, des chants de Marseillaise, des refrains obscènes qui se mêlaient aux appels des hommes d’équipe, au tintement de la clochette, à l’essoufflement des machines. Je reconnus un petit garçon de Saint-Michel, dont les paupières enflées suintaient, qui toussait et crachait le sang. Je lui demandai où ils allaient ainsi. Ils n’en savaient rien. Partis du Mans, ils étaient restés douze heures à Connerré, à cause de l’encombrement de la voie, sans manger, trop tassés pour pouvoir s’allonger et dormir. C’était tout ce qu’il savait. À peine s’il avait la force de parler. Il était allé à la buvette afin de tremper ses yeux dans un peu d’eau tiède. Je lui serrai la main, et il me dit qu’à la première affaire, il espérait bien que les Prussiens le feraient prisonnier… Et le train s’ébranlait, se perdait dans le noir, emmenant toutes ces figures hâves, tous ces corps déjà vaincus, vers quelles inutiles et sanglantes boucheries ?
Je grelottais. Sous la pluie glacée qui me coulait sur la peau, le froid m’envahissait, il me semblait que mes membres s’ankylosaient. Je profitai d’un désarroi causé par l’arrivée d’un train pour gagner la barrière ouverte et m’enfuir sur la route, cherchant une maison, un abri, où je pusse me réchauffer, trouver un morceau de pain, je ne savais quoi. Les auberges et cabarets, près de la gare, étaient gardés par des sentinelles qui avaient ordre de ne laisser entrer personne… À trois cents mètres de là, j’aperçus des fenêtres qui luisaient doucement dans la nuit. Ces lumières me firent l’effet de deux bons yeux, de deux yeux pleins de pitié qui m’appelaient, me souriaient, me caressaient… C’était une petite maison isolée à quelques enjambées de la route… J’y courus… Un sergent, accompagné
de quatre hommes, était là qui vociférait et sacrait. Près de l’âtre sans feu, je vis un vieillard, assis sur une chaise de paille très basse, les coudes sur les genoux, la tête dans les mains. Une chandelle, qui brûlait dans un chandelier de fer, éclairait la moitié de son visage, creusé, raviné par des rides profondes.
– Nous donneras-tu du bois, enfin ? cria le sergent.
– J’ons point d’bouè, répondit le vieillard… V’la huit jours qu’la troupe passe, j’vous dis… M’ont tout pris.
Il se tassa sur sa chaise et, d’une voix faible, il murmura :
– J’ons ren… ren… ren !…
Le sergent haussa les épaules :
– Ne fais donc pas le malin, vieille canaille… Ah ! tu caches ton bois pour chauffer les Prussiens ! Eh bien, je vais t’en fiche, moi, des Prussiens… attends !
Le vieillard branla la tête.
– Pisque j’ons point d’bouè…
D’un geste colère, le sergent commanda aux hommes de fouiller la maison. Du cellier au grenier, ils passèrent tout en revue. Il n’y avait rien, rien que des traces de violence, des meubles brisés. Dans le cellier, humide de cidre répandu, les tonneaux étaient défoncés, et partout s’étalaient de hideuses et puantes ordures. Cela exaspéra le sergent, qui frappa le carreau de la crosse de son fusil.
– Allons, s’écria-t-il, allons, vieux salaud, dis-nous où est ton bois ?